Marathon de Poitiers: "Putain c'était duuuurrr!"
29 mai 2017Dimanche 28 mai nous avions pris rendez-vous, Yann et moi avec notre deuxième marathon. Nous avions chacun comme objectif d'améliorer notre temps du premier. Yann visait les 3h30 et moi dans mes rêves les plus fous je m'étais entraînée pour 4h30 mais sachant cela totalement utopique surtout compte tenu de mes problèmes de santé recents, je me serais bien contentée d'un moins de 5h... voire même d'un petit 5h tout rond... mais bon le sort en a décidé autrement...
En résumé j'ai pris le départ de ce marathon avec un psoas et une aponévrose récalcitrants, un vieux reste de bronchite qui sortait d'on ne sait où, un nouveau traitement pour mon hypothyroïdie à apprivoiser (car gros risque de faire de la tachycardie), et une fin d'entraînement un peu bâclée compte tenu d'un virus méningé me provoquant fatigue et vertiges... bref au top quoi! Ajoutez à cela une obsession du thermomètre qui nous prévoyait des températures caniculaires pile poil pour ce jour, ben tiens! Comme si déjà courir 42 bornes sur du bitume bien destructeur dans un parcours à la réputation pas facile allait être de la tarte!
Bref, samedi matin on file déposer les gosses chez mamy et c'est parti pour 3h de bagnole pendant lesquelles on crève de chaud. Plus le temps passe et plus on se rend compte de l'absurdité dans laquelle on s'embarque encore une fois...
Arrivés à l'hôtel près du futuroscope, on dépose les valises et on repère le départ de la navette qu'on devra prendre demain matin à 7h30 dernier Cara pour qu'elle nous emmène au point de départ. Et oui, parce qu'on part de Poitiers pour arriver à Chasseneuil, à côté du futuroscope. Il est 16h30 et nous revoilà donc parti pour 20mn de bagnole jusqu'au parc Blossac pour retirer nos dossards.
On nous remet un sac en plastique comme on en reçoit beaucoup avec à l'intérieur une gourde vraiment pas top et beaucoup de pub... bof bof par contre, super cadeau, on nous offre à chacun 2 entrées gratuites pour le parc du futuroscope! C'est cool on va pouvoir y remmener les enfants, ils avaient adoré la première fois.
Avant de partir, on fait connaissance avec les meneurs d'allure... enfin... plutôt avec leur postérieur... afin de mieux les reconnaître le jour J 😂
Mini balade dans le parc, petite prise de vue, et retour aux bercailles. De nouveau 20mn de bagnole... pff ca commence à faire long. On n'a même pas couru qu'on est déjà morts de chaud.
En passant on s'arrête à Auchan racheter de l'eau car on se rend compte qu'avec la chaleur on a vraiment pas prévu assez de bouteilles dans la glacière.
Retour à l'hôtel vers 18h. On prépare nos affaires. Très important pour moi: un petit doudou loup de ma fille accroché à ma ceinture et le bracelet confectionné par mon fiston pour me porter bonheur. 😍
Pour le dîner, on avait emporté des spaghettis bolo faites maison et on s'est tranquillement installés sur les tables de la cafet pour les manger.
La soirée passe vite mais il fait chaud dans la chambre, on aura finalement pas très bien dormi.
Lendemain matin 7h15: petite marche jusqu'au bus. On se serre comme des sardines cuits à l'étuvée. 20mn plus tard... libération de la vapeur lorsque les portes s'ouvrent enfin au grand air! Nous marchons à nouveau 10mn pour rejoindre le départ, qui, surprise, n'a pas lieu dans le parc comme on s'y attendait! La queue pour les wc est bien longue mais on est large. Le semi doit partir à 8h15 et nous une demi heure plus tard. Yann s'échauffe un peu pendant que je le regarde en me demandant l'intérêt! 🤔 on a déjà pas mal marché, il fait bien 25 degrés et on va courir treees longtemps... non franchement je vois pas l'intérêt! 😅
Petit selfie avec un lapin cretin: souvenir pour les gamins. Le bisou rituel d'avant course. Puis chacun rejoint son sas.
Dans mon sas des 4h30 et plus y'a pas grand monde mais ca rigole bien. Un gros monsieur demande en riant où est le meneur d'allure des 5h30... bien sûr il n'y en a pas puisque la barrière horaire a été fixée à 5h30 mais je lui répond que c'est moi! Qu'il a qu'à suivre le petit loup. 5h25 à Paris... je pouvais pas faire tellement pire!? Le départ est donné. Nous ne sommes pas très nombreux, beaucoup ont renoncé à venir vu la chaleur annoncée. Il prévoit 33 degrés sans aucun nuage et pour une fois... crotte de zut... la météo ne se sera pas trompée. Ca part doucement. Le Mini tour dans le parc passe un peu trop vite, nous ne voyions aucune fontaine ni par terre fleuri si jolis dans Blossac... mais le point positif c'est que le début n'est qu'en descente... enfin comme toutes les bonnes choses ont une fin, les premières montées arrivent bien vite. Le premier ravito est à 5 bornes et au bout de 10mn de course j'ai déjà hyper soif. Je ne regrette pas d'avoir pris ma ceinture. Ni d'avoir troqué mon camelback contre elle. Avec le sac à dos j'aurais eu beaucoup trop chaud. Je pense à Yann qui doit bien se galerer avec le sien... Des montées, des faux plats montants, des petites buttes, bien casse-pattes ce départ et je m'inquiète car mon cardio monte beaucoup trop vite. Je n'arrive pas à le faire descendre en dessus des 172bpm. Ça m'inquiète. Enfin, le premier ravito... ou je ne vois que de l'eau. Il y avait sûrement à manger mais j'ai zappé car j'avais prévu mon ravito perso. N'ayant pas pu avaler grand chose au ptit dej, à 40mn de course j'ai déjà faim. Je prend un gel GU au chocolat hyper pâteux mais que j'avais pas trop mal supporté à l'entraînement. Mais putain ce que ça donne soif cette m... je bois, je bois. Un peu plus loin je vois une petite fille sur le bord de la route avec son doudou loup! Elle me fait pense à ma Lili... dis donc Lili, tu ne m'avais pas promis pour la fête des mamans de me chanter la chanson "Il pleut il mouille!"?? Elle est où la pluie?? Je plaisante avec la petite fille en lui montrant que moi aussi j'ai mon doudou loup avec moi. Et je repars. Pour l'instant je vais bien, j'ai le sourire, je profite de ma course. Les riverains sont tous au taquet pour nous encourager. Seul bémol, je fais partie des derniers et la voiture balais nous colle aux fesses. Va falloir accélérer un peu. Je fais les 15 premiers km devant la flamme des 5h ça me rassure sur mon objectif. Et je discute avec une jeune femme très sympa, Sophie, qui fait son premier marathon... en débardeur noir sans crème solaire! Sophie, si tu me lis, j'espère que tu n'as pas trop mal aux épaules!? Vers le 14eme on attaque une route qu'on doit prendre 2 fois. Du coup, en face je vois passer le meneur des 3h30 puis celui des 3h45 puis celui des 4h... Sophie aperçoit son chéri mais aucun signe de Yann. J'espère qu'il va bien. Ligne droite interminable en plein soleil je commence à accuser le coup. Je croise le clochard vu la veille au retrait des dossards qui insultait tout le monde... il ne marche pas droit et crache par terre... je le double en croisant les doigts pour qu'il ne me crache pas dessus! Ouf un peu d'ombre. Un monsieur pas tout jeune sort de la route et va s'allonger dans l'herbe sous un arbre. Je lui demande s'il va bien il me répond super! Bon ok... il est en vacances le mec quoi! Mdr La ligne droite interminable tourne enfin pour revenir sur ses pas et cette fois sans aucun passage ombragé. Je cours à côté d'un monsieur aux cheveux gris lui aussi habillé tout en noir et sans casquette! Serieux les runners comment vous faites par cette chaleur?? On discute quelques minutes. On a tous les deux des problemes avec notre cardio qui monte trop haut. Alors on se suit. Parfois c'est moi qui ralenti, parfois c'est lui. On rase les murs à la recherche de la moindre parcelle d'ombre. Enfin le semi. Pas trop tôt. Merde mon dossard se fait la malle et mon bracelet aussi. Je me suis tellement trempée tous les 2km qu'ils n'ont pas résisté. Je glisse mon bracelet dans ma ceinture et je rattrape à la volée mon dossard qui s'est déchiré. A un carrefour je demande aux signaleurs si par hasard ils n'auraient pas des épingles à nourrice et c'est une coureuse du semi qui m'en donne! Merci merci je ne me voyais pas faire un deuxième semi avec mon dossard collé sur le front par la sueur! Au 24eme j'en ai clairement marre je commence à alterner marche et course. J'ai perdu le monsieur en noir qui a décroché. J'espère qu'il arrivera au bout. J'ai faim mais je ne peux rien manger. Mon ravito perso à fini à la poubelle des le 10eme km avec la transpiration et les douches froides que je me versais dessus tout avait suinté, collé... berk berk. Sur les stands je prends des oranges (le seul truc qui me fait envie meme si je sais qu'à Paris ça ne m'avait pas trop réussi...) et me force à manger des Mini cubes de pâte de fruit... mais franchement ça m'écœure tellement c'est sucré. Je bois, je bois. Je crois que je n'ai jamais autant bu de toute ma vie! Arrivée au 27eme je ne me sens vraiment pas bien. J'ai vraiment très faim et en même temps tout me donne la gerbe. Une dame sur le bord de la route me file un gâteau apéro mais j'arrive même pas à l'avaler tellement c'est sec. Une gentille toute jeune bénévole me donne un gâteau au chocolat que je me force à manger mais ça m'écœure encore plus. Alors je bois je bois et je mange des oranges. Le temps passe. J'arrive enfin au 30eme. Putain qu'il fait chaud. Tout le monde marche. Enfin tout le monde.., y'a deux mecs devant moi à genre 50m et un derrière... mais plus de voiture balais en vue depuis quelques temps. Je regarde ma montre. Yann doit être arrivé depuis quelques minutes déjà. Je lui envoie un SMS. Il me répond qu'il est au 35eme et qu'il morfle autant que moi. Ca me rassure pas! Alors voilà ma tronche au 30eme alors que le petit pont traversé à du être LE plus beau paysage de tout le circuit.
J'ai tellement faim que ça me tord les boyaux. Je réclame des sandwiches à tous les passants! Une petite fille me tend son paquet de chips mais sa Mère lui prend des mains en lui disant mais non arrête c'est pas bon pour elle ce qu'il lui faut c'est du sucre! Naaannn je veux une tranche de jambon, un morceau de calendos, un sandwich au poulet!!! Marre des bananes et des pâtes de fruit!!!
Je discute souvent avec un jeune black que je croise régulièrement depuis le 24eme km et qui marche beaucoup. Il est dégoûté. L'année dernière il l'avait fait en 4h, cette année il arrive à peine à marcher sous ce soleil de plomb. Une ambulance passe. Beaucoup ont abandonné.
Vers le 34eme les crampes aux quadriceps arrivent... un peu moins fortes qu'à Paris mais elles m'obligent à m'arrêter et m'étirer devant des bénévoles au gilet jaune qui me demandent si je veux arrêter. Je les regarde l'air outré et leur répond: non mais ca va pas la tête après 4h10 d'effort, y'a pas moyen! Et je repars en clopinant.
Putain ça monte encore. Putain y'a toujours pas d'ombre. Putain il fait au moins 40 à l'intérieur de mes godasses. Heureusement les habitants sont ultra sympa, beaucoup ont sorti le tuyau d'arrosage pour nous asperger. Une dame vers le 36eme a tellement pitié de moi qu'elle me donne sa bouteille perso pour que je me la verse sur la tête.
Un peu plus loin je me fais rattraper par deux mecs... qui marchent! Moi je cours et eux ils marchent!! Bon ok ils ont au moins 4 têtes de plus que moi mais c'est pas juuuusteeuuuh!
A un ravito un bénévole me dit pour rire (ou pas) que je devrais me dépêcher parce que les derniers vont être disqualifiés! Quoi sans rire?? Si près du but? Ils feraient pas ca quand même? Du coup je stresse. J'arrête pas de me retourner pour voir si la voiture balais arrive. Je discute avec le jeune black qui me dit qu'on va le finir, qu'on est dans les temps. Je calcule qu'il nous reste 6 bornes à faire en 35mn... ah bah non impossible surtout à la vitesse où je me traîne! Je lui soutiens que la barrière est à 5h30 et il me répond non c'est 6h sur marathon. Qui a raison?
Je marche. Je trottine des que je vois un peu d'ombre ou une légère pente descendante. Je bois. Je m'arrose. Je n'écoute plus ma musique. Ma tête ne pense plus à grand chose à part à guetter les panneaux de kilométrage. Mes yeux sont rivés sur ma montre. Je vois les 5h passer puis les 5h15... au 39eme une jeune femme en tongs me suis en courant dans l'herbe et tente de me remotiver à courir. J'accroche une grande blonde en jupette quelques minutes puis je craque devant la mega côte de la fin. 41eme. Je suis déçue on ne passe pas dans le futuroscope comme au semi de Disney. Ma montre sonne. J'ai terminé. Ah bah non. En fait il reste 600m de rab dis donc! Je trottine puis je me remets à courir lorsque je vois le tapis rouge et la speakerine annoncer mon nom. Puis le speaker dire que mon petit mari chéri m'attend. Je franchis cette putain de ligne d'arrivée et je m'écroule sur le gazon quelques mètres plus loin. Je finirai avec une perf dans le bras à vomir mes tripes dans la tente des secouristes... pas très glorieux comme fin de course. En tout cas je tiens sincèrement à remercier tous les bénévoles et surtout les secouristes de La Croix Rouge adorables, hyper pro, qui arrivent encore à bien s'occuper de toi et à faire des blagues pour te redonner le sourire alors qu'ils sont debout depuis 3h du mat et qu'ils bossent depuis des heures comme des dingues pour la gloire! Tout ça pour venir en aide à de pauvres fous furieux inconscients qui ont décidés d'aller au bout de leur vie en bravant un soleil de plomb sur 42,73km. Merci à eux!
Je vous laisse avec une petite vidéo de Yann qui a filmé sa course (4h24 de galère au lieu des 3h30 prévu) et mon arrivée où le mot de la fin résume parfaitement toute la course!
Ps: devinez en quoi s'est transformé le t-shirt Finisher?? En polaire sans manche! De circonstance, non? 😂