Run and Bike de Maurepas, 1ère édition et 1er podium!
04 juil. 2016Les courses se suivent et ne se ressemblent pas...
Autant j'ai détesté ma course royale de 15km à Versailles il y a deux semaines à cause d'un satané médoc qui m'a valu une sacrée chute de tension et les sensations les pires de ma vie de runneuse; autant j'ai vraiment surkiffé ce samedi 2 juillet!!
De retour du taf à 14h, j'avale en vitesse une galette bretonne (je connais quelqu'un qui me dira que pour la performance il n'y a rien de mieux que la crêpe bretonne... n'est-ce pas Gwen? :p), je prépare le repas du soir pour ma petite maman qui est bien gentille malgré sa sciatique de venir garder mes petits monstres et enfin je prépare mes affaires à l'arrache. J'ai réussi à convaincre Yann de mettre le même t-shirt que moi; celui des traces du loup jaune fluo! Et ça je peux vous dire que ce n'est pas une petite victoire que de faire courir mon mari avec autre chose qu'un t-shirt Nike! A 17h, nous avions rendez-vous à Maurepas, pas loin de chez nous, pour participer à la première édition d'un Run and Bike ou plutôt... d'un Bike and Trail ;)
Cette course n'était absolument pas prévue à mon planning tout comme le triathlon olympique de Paris ou encore le 10K pour elles, couru pour et avec ma soeur début juin. Mais une toute nouvelle course (première édition cette année) et en plus à 5mn de chez nous, c'était vraiment trop tentant! Et puis, elle clôturerait ma première partie de saison en beauté! (Même si ça, ne je le savais pas encore en nous y inscrivant)
Nous avions vraiment adoré notre premier Run and Bike de Paris l'année dernière même si nous ne connaissions rien à la technique de course si particulière. Alors même si ce serait pour moi la 5ème course enchainée depuis les 5 dernières semaines, il était hors de question de passer à côté. Nous voilà donc samedi 16H. Nous sautons dans la voiture et allons retirer tranquillement nos dossards sur le village de course. Il y a beau avoir des arbitres (puisque le Run and Bike est un pendant du triathlon avec des règles strictes), ils sont tous très sympa. L'atmosphère est détendue et bon enfant. Les organisateurs nous baptisent les poussins (en référence à notre super t-shirt pas voyant du tout), nous souhaitent une bonne course et nous remercient de les soutenir pour cette première édition. Autour de nous, beaucoup d'équipe de mecs. Je ne vois aucune femme... gloups. Et tous les concurrents sont soit grands et costauds soit super affutés, soit portent un t-shirt de club ou soit pour la majorité tout ça à la fois! "Y'a l'air d'avoir des chauds!" annonce solennellement Yann. Regloups. Enfin je vois quelques filles. Ouf je suis rassurée. Nous ne sommes pas très nombreux, une soixantaine, ce qui augmente nos chances de finir derniers. Gloups, gloups et reregloups. Après un petit tour aux toilettes, on décide d'aller s'échauffer dans le parking d'à côté. Le but étant de parfaire (pardon) d'apprendre la technique du "changement". Il faut savoir que les "Run and Bikers" ont un style très particulier pour se passer le relais. Celui sur le vélo enjambe le cadre tout en continuant de rouler, se positionne en équilibre sur la pédale, les deux pieds du même côté du vélo puis saute en marche pendant que celui qui court rattrape le guidon et monte en marche. OK. Sachez maintenant que je ne savais absolument pas faire ça 5mn encore avant de prendre le départ :D Nous nous entraînons un peu sous le regard amusés des passants qui m'entende râler après Yann qui essaye tant bien que mal de m'expliquer comment garder l'équilibre sans pour autant stopper net. Et puis crotte... advienne que pourra. J'espère juste ne pas me casser la figure en pleine course!
16H45, on nous brief sur le parcours sans pour autant nous dévoiler tous ses secrets, c'est bien plus amusant de garder la surprise. A 16H55, puisque toutes les équipes sont rassemblées, le départ est donné. Je suis en place avec les autres cyclistes qui attendent sagement sur le bord le passage du coureur qui doit faire un premier tour de pâté de maison d'environ 400m. Connaissant Yann, je savais qu'il allait débouler à toute berzingue dans les premiers quitte à se cramer car il n'aime pas être derrière :) et je ne me suis pas trompée. Je le vois se pointer en 2ème position. Je m'élance, lui donne le vélo et me mets à sprinter comme une dingo pour ne pas perdre l'avance qu'il avait gagné. Je suis à fond, peut-être un peu trop. Je ne regarde pas ma montre mais je rivalise avec les hommes autour de moi. Je sais que je suis en train de faire n'importe quoi mais je n'ai pas envie que mon mari me prenne pour le boulet de service. On a 16 bornes à tenir ma cocotte et je vais aussi vite que sur ma dernière séance de fractionné, du n'importe quoi je vous dis! Le début d'un Bike and Run c'est toujours un peu le bazar car les coureurs ont tous la même technique qui consiste à changer tous les 200m environ et, bien sûr, sans prévenir, et de préférence au milieu du chemin. On esquive, on double, on se fait doubler, on saute du vélo, on court, on sprinte, on s'essouffle, on s'échange et on recommence. On passe très vite du bitume au chemin puis carrément à la forêt et là, surprise, on attaque une première montée de malade qui n'en fini pas! Quoi?? Mais c'est des oufs les organisateurs! On a à peine fait 1,5km et ils veulent déjà nous achever? Je suis sur le vélo, le souffle court. Je n'ai pas encore récupérer de mon sprint que je dois appuyer comme une forcenée pour grimper cette côte. Je respire comme une vache asthmatique mais je tiens bon. On se fait doubler par des équipes de mecs mais pour l'instant toujours pas de fille en vue. Le parcours dans la forêt est vraiment technique, autant difficile pour le vélo que pour le runner. On enchaîne des descentes abruptes avec cailloux, tranchées, et passages boueux, des montées longues et pentues, des sentiers monotraces étroits avec bosses et racines où il est impossible de doubler. On a un bon rythme et chaque équipe commence à trouver sa place. Mais les kilomètres n'avancent pas. 2,5km, 3km... la météo avait prévue de la pluie, au final il fait très chaud et nous n'avons qu'un seul bidon pour deux. Du coup, j'essaye de ne pas trop boire mais j'ai la gorge sèche. On continue d'échanger les rôles tous les 200-300m environ. Bientôt on arrive dans un champs. Une longue ligne droite avec le vent de face en faux plat montant avec des ornières bien creusées et de l'herbe haute au milieu. Ca nous rappelle les traces du loup de la semaine dernière. A ce moment Yann file en courant devant et me laisse en arrière sur le vélo. Je ne peux pas doubler. Une équipe s'est mise en plein milieu et refuse de se pousser. Je fini par les dépasser tant bien que mal en passant par le bas côté. Je patine. Mon vélo couine car les pédales frottent dans l'herbe haute. Je vois Yann devant mais je n'arrive pas à le rattraper. Je sais qu'il faut que j'y parvienne car si nous passons devant un arbitre nous ne devons pas être à plus de 2m l'un de l'autre sous peine de disqualification. Autre point négatif: si on reste trop longtemps sur le vélo le retour à la course devient plus compliqué car les cuisses sont aussi lourdes que lors d'une transition de triathlon. Tout d'un coup, une putain de crampe au mollet gauche. Et merde, je savais bien que j'allais payer le manque d'hydratation. Je pédale le talon vers le bas pour essayer de détendre le muscle. Je n'entends personne derrière moi et je ne vois aucune équipe devant. Nous avons l'impression d'être seuls au monde. Je fini par rattraper Yann et lui demande de changer. Petit passage sur le bitume puis retour dans un champs gravilloneux. Sur le bas côté des petits papis et mamies qui nous applaudissent comme des malades en criant: "Ouais une fille!!" lol
Enfin, 7ème kilomètre nous arrivons au ravito. On prend le temps de s'arroser la tronche et de remplir la gourde. Puis on repart, encouragés par les bénévoles qui nous disent qu'on est la première équipe mixte. Sérieux?? Ah ah ça ne va surement pas durer. Je commence à fatiguer et on nous annonce une nouvelle côte bien longue. Yann la fait en courant et moi, encore à vélo... pfff que c'est dur. Mais on lâche rien. Dans la descente je prends le relais. Je cours. Je vole. J'adore les descentes. En forêt, j'ai l'impression d'avoir été la seule à foncer sans avoir peur de me tordre une cheville. Même les mecs autour de moi étaient sur la réserve. C'est cool ça permet de remonter du monde et ça fait du bien au moral. On se complète bien avec Yann. En running, il adore les côtes bien raides et j'aime les descentes techniques. En vélo, il maîtrise les descentes alors que moi j'ai plutôt peur alors que je bouffe de la côte sans trop me plaindre :) Il préfère le bitume et moi les chemins. Combo vraiment parfait pour ce Bike and Trail ;)
9ème kilomètre on est perdu. On croit s'être trompé de direction. On ne voit toujours personne ni devant ni derrière. On demande à un couple de promeneurs s'ils ont vu des vélos passer et ils nous répondent que oui, qu'il faut continuer tout droit. Yann court dans les orties et se pique les jambes. Nous traversons un pont et on aperçoit les gilets oranges des organisateurs. Ouf on est sur le bon chemin. Au moment du changement je saute du vélo selon la technique maitrisée à peine 1h plus tôt et je suis super fière quand j'entends un père dire à son fils: "Regarde changement, changement! T'as vu comment ils font?" sur un ton très enthousiaste. Hi hi si vous saviez Monsieur que je ne savais pas le faire encore hier! :D A chaque passage devant les bénévoles on nous crie qu'on est premier de la catégorie. 10ème km. Plus que 6. Je dis à Yann que je fatigue et que ça m'étonnerait qu'on garde ce rythme encore longtemps. Mais je suis reboostée à chaque spectateur qui hurle: "Voilà la première fille! Allez madame!! Vous êtes première!" "et aussi allez monsieur!" lol Ce qu'il y a de bien en mixte c'est qu'on s'attire vite la sympathie du public grâce au "côté fille" et qu'on gagne de la vitesse grâce au "côté garçon" ;)
Je cours, je cours le plus vite que je peux jusqu'à une nouvelle côte impossible à grimper ni en vélo ni en courant. Yann descend et pousse le vélo et moi je marche en essayant de ne pas perdre un poumon. Enfin on en voit le bout. Petit temps de recup sur du plat et on attaque une nouvelle côte. Non mais ils veulent notre mort ou quoi? Je recommence à marcher et un des organisateurs essaye de me mettre la pression. "Allez, on lâche rien. Les autres arrivent. Ils sont juste derrière!! Allez allez!" Oui bon c'est bon, je fais ce que je peux. Je finis de mourir et ensuite je m'y remets ok? Yann m'encourage et je sais qu'au fond de lui la pression monte car il n'acceptera pas de se faire doubler si près du but. Non mais Yann, je ne peux pas rivaliser avec des mecs moi! Je trottine pour lui faire plaisir puis je remonte sur le vélo. Du faux plat puis une légère descente et après un virage... nous revoilà perdus. Merde c'est où? Tout droit, dans le petit sentier ou à droite dans la grande descente? Aucune flèche au sol, personne en vue. On s'arrête. On crie "c'est par où ?" mais nos appels restent sans réponse. Une autre équipe fini par nous rejoindre. Le VTTiste nous dit qu'il connait le chemin (on apprendra plus tard qu'ils en avaient fait la reconnaissance la semaine passée) et qu'il faut prendre par la descente. Merde et remerde! Je suis vénère. On a perdu du temps et on s'est fait rattraper à cause d'un manque de balisage. Mais bon, on ne peut pas en vouloir aux organisateurs c'était leur première, tout ne peut pas encore être parfait. C'est pas grave car ça me fait courir plus vite. Je fonce comme une dingue dans la descente pour essayer de rattraper notre retard et repasse devant l'équipe des deux mecs qui nous avaient indiqué le chemin. Nous arrivons dans un sentier super étroit, je reprends le vélo... et l'équipe adverse nous repasse devant :(
On leur colle littéralement aux fesses jusqu'à arriver au pied d'un escalier! Sérieux?? Mais faut porter le vélo là? Et oui, faut porter le VTT de 12kg à 2km de la fin! Je ne vous cache pas que je laisse Yann le faire :p
Nous revoilà sur le bitume. Je cours jusqu'à un rond point mais n'arrive pas à doubler l'équipe des mecs. Je peste contre moi-même de ne plus avoir assez de jus pour accélérer davantage. Je passe le relais à Yann qui sprinte et les double "easy". Il entend un des mecs dire à son coéquipier "c'est rien, ne t'en occupe pas". Gniark gniark. Ce qu'on est méchannnnnt! On s'échange encore une fois et Yann me dis de terminer le dernier kilomètre mais je sais que je n'ai plus assez de jus et qu'on va se refaire doubler. Et si on se fait doubler sur la ligne, Yann va l'avoir mauvaise alors je lui dis que je ne peux pas terminer. Il reprend le relais pour une partie puis me redemande de terminer la dernière ligne droite. Je vois l'arche. Je saute du vélo et je me sens pousser des ailes. Je finirai à presque 16km/h (ne me demandez pas comment!? lol) et nous passons la ligne ensemble sous les applaudissements en entendant le speaker annoncer: "Dossards 11 première équipe mixte!!" 16km avec pas mal de D+ bouclé en 1h18. J'arrive pas encore à y croire. On a réussi? On a fait un podium!! Je suis ravie. Ravie d'avoir tout donné. Ravie d'avoir kiffé ce super parcours et le magnifique paysage. Ravie d'avoir inauguré cette première édition très encourageante et enfin ravie de partager mon premier podium avec ma moitié sans qui rien n'aurait été possible!!
L'équipe des 2 mecs arrive quelques secondes après et nous félicite pour la performance. On leur serre la main parce que c'est aussi ça le fairplay du sport. On est en compétition jusqu'au bout mais on reconnait la valeur des autres concurrents qui font que la course est un peu plus pimentée!
La radio locale nous interview et plein de monde vient nous serrer la main et nous offrir leurs félicitations. C'est la première fois qu'on vit tout ça. On a l'impression d'être de véritables stars. C'est trop marrant. Mais faudrait pas voir à y prendre goût hein car c'est surement pas demain la veille qu'on remontera sur la plus haute marche. Monsieur le Maire me remet un joli bouquet de fleurs que j'offrirai à ma maman pour la remercier de son aide et pour chacun une belle assiette en argent, gravée en souvenir de cette belle course. Bah oui une assiette! Ne me demandez pas non plus pourquoi, c'est la première fois que je vois ça. Je ne suis pas très habituée aux podiums mais c'est pas des coupes qu'on reçoit d'ordinaire? :p
Une chose est sûre, on reviendra l'année prochaine. Et le parcours n'a pas intérêt à être moins difficile parce que vous savez ce qu'on dit: "A vaincre sans périls, on triomphe sans gloire!"